Quantcast
Channel: BROZKINOS » Charlotte Rampling
Viewing all articles
Browse latest Browse all 3

Critique : Le Verdict – La Faille

$
0
0

Le-Verdict

Sydney Lumet est un cinéaste américain majeur. Durant toute sa carrière, il a sublimé un  genre passionnant, le drame judiciaire. La dernière fois qu’il l’a abordé,  il a offert à Vin Diesel son meilleure rôle avec Jugez moi coupable.

La plupart de ses œuvres traite de la notion de culpabilité (Piège Mortel, The Offence) et de l’injustice. Ses sommets, 12 hommes en colère et La colline des hommes perdus, restent inégalés.

Le réalisateur a toujours su mettre en doute son spectateur. La meilleure adaptation d’un roman d’Agatha Christie, c’est à lui qu’on la doit (Le crime de l’Orient Express). Avec Le Verdict, il embarque son public dans un procès aux enjeux dramatiques parfaitement amenés.

Nous avons d’un côté le personnage de Frank, ancien avocat talentueux qui n’est plus que l’ombre de lui-même. La clope au bec, il traîne au bar et enchaîne les parties de flipper entre deux rendez-vous foireux. De l’autre, nous avons Deborah Ann Kaye, paralysée suite à un accouchement qui a tourné au désastre. L’erreur vient des médecins, et la famille souhaite un dédommagement, que l’hôpital n’hésite pas à fournir pour éviter le scandale. Malgré tout, Frank va en faire une affaire personnelle. Pour se racheter et retrouver son intégrité,  l’avocat va demander un procès contre l’hôpital.

Lumet réussit avec Le Verdict à mettre en avant les lacunes du système judiciaire américain tout en dressant le portrait d’un homme fatigué qui voit en cette affaire une rédemption salutaire. Si les séquences au tribunal sont devenues un modèle en la matière, ce sont pourtant les coulisses du procès qui nous intéressent le plus.

Paul-Newman-The-Verdict

Dès l’ouverture, on comprend que Frank est un homme bon mais complètement largué. Lors d’une séquence incroyable, il découvre qu’il s’est égaré et qu’il n’est plus l’avocat bourré de convictions d’antan. Dès lors, Le Verdict devient le combat d’un individu contre un système qui a fini par le dégouter mais ne l’a pas encore achevé. Lumet traite son sujet sans complaisance et à échelle humaine. Aucun artifice grossier n’est présent et la sobriété de la mise en scène sublime les réactions totalement plausibles de chaque protagoniste qui n’agit que pour défendre ses intérêts.

Certains plans sont d’une finesse et d’une intelligence rares. Nous pensons notamment à la séquence d’introduction du personnage de James Mason, l’avocat de la défense. Sa réputation est établie et l’on se dit que le combat de Frank est inutile. Nous découvrons ensuite Mason dans son environnement de travail. On le voit méditer, et le traveling nous révèle une dizaine de conseillers autour de lui qui l’aident à avancer sur l’affaire. Lumet s’amuse à casser les apparences avec un sens de la réalisation impressionnant.

L’accent british de Mason, la propreté de son bureau et sa moustache extrêmement bien taillée viennent contraster avec la solitude, le phrasé typiquement américain et le paysage gris dans lequel évolue Paul Newman. Le comédien trouve d’ailleurs l’un de ses plus beaux rôles. Le Verdict est un autre chef d’œuvre dans sa filmographie exceptionnelle et Frank aussi attachant que Luke la main froide, Eddie Felson et Butch Cassidy.

Sidney Lumet s’amuse une nouvelle fois à jouer avec les apparences pour mettre en avant les failles de sa société. Son long métrage est porté par un personnage qui, malgré ses faiblesses, fait preuve d’une ténacité à toute épreuve. C’était le cas de Sean Connery dans La colline des hommes perdus et d’Henry Fonda dans 12 hommes en colère. Le Verdict est, à l’image de toute la filmographie de Lumet, la preuve que l’on peut faire du cinéma divertissant et engagé, sans pour autant tomber dans la complaisance et l’acharnement qui caractérisent de nombreuses œuvres actuelles.

Kevin


Viewing all articles
Browse latest Browse all 3

Latest Images

Trending Articles





Latest Images